samedi 27 janvier 2018

Angoulême : le prix Couilles au Cul 2018 à Kianoush Ramezani

Amandine Schmitt sur le site BibliObs.


Réfugié en France depuis 2009, le dessinateur iranien Kianoush Ramezani a été salué pour son courage et sa persévérance face à la république des mollahs peu encline à l'autodérision.

Un prix qui donne l'occasion de dire «couilles» toutes les trois phrases ne peut pas être foncièrement mauvais. 

Depuis 2016, la rédaction de Fluide Glacial et le OFF of OFF (le festival off d'Angoulême) s'associent pour décerner le prix Couilles au cul, qui récompense le courage artistique d'un auteur. 

Après avoir été en bronze la première année, rose bonbon la deuxième, retour à la sobriété pour ce trophée en forme de testicules, tout blanc cette année.


Dans une cave bondée qui sent la vinasse, les convictions anar et - somme toute - la testostérone, Didier Pasamonik, à la tête du site ActuaBD, a rappelé les règles du jeu:

Le prix Couilles au cul a été créé il y a trois ans en réaction au Festival d'Angoulême qui avait décidé de remettre un prix du courage aux dessinateurs morts de Charlie Hebdo. L'année suivante, ils n'en ont pas remis, considérant que cela pouvait représenter un danger pour les artistes. Nous avons pensé au contraire que ces gens-là doivent être valorisés et que la reconnaissance les protège».
«Nadia Khiari, la première lauréate, nous a dit: "Vous vous rendez compte, vous avez fait écrire le mot 'couilles' dans les journaux tunisiens!», rapporte Yan Lindingre, le rédacteur en chef de Fluide Glacial.

"Vive les barbus !"

Le prix Couilles au cul 2018 revient au dessinateur iranien Kianoush Ramezani.



Réfugié politique en France depuis 2009, l'artiste a été salué pour son combat pour la liberté d'expression en Iran face aux mollahs et dans le monde. 

Il collabore notamment au Guardian et a fondé l'association United Sketches qui apporte son soutien aux caricaturistes en exil.


«J'ai dû chercher la définition de "Couilles au cul". "Couilles", je vois, mais "couilles au cul"...», s'est-il marré sous son grand chapeau noir. Il a dédié son prix aux femmes de son pays:

Je me suis posé cette question fondamentale: est-ce que j'ai des couilles au cul? Pas tellement face à toutes ces femmes en Iran qui se battent contre le hijab obligatoire. Elles risquent leur vie car la condamnation pour non-port de voile va des coups de fouet à la prison. Elles ont lancé un mouvement sur Facebook: une fois par semaine, elles portent un voile blanc pour montrer leur désaccord avec le voile.»

Le travail de Kianoush, exposé dans la salle, commente la situation politique iranienne et internationale. On y voit des mollahs tenter de réduire les libertés fondamentales, ici en tentant d'attraper les symboles wifi qui volètent tels des papillons, là dissimulant des pendaisons.


Sur un autre dessin, l'Europe est représentée en crocodile versant des larmes sur le petit Aylan, cet enfant syrien retrouvé mort sur une plage de Turquie.

Yann Lindingre a profité de la pilosité de son invité pour conclure: «Vive les barbus!».


AJOUTS

«L’iranien Kianoush reçoit le Prix Couilles au Cul 2018l» sur le site Livres Hebdo.
«Kianoush, troisième lauréat du "Prix Couilles au Cul."» sur le site ActuaBD.
«Prix "Couilles au cul" à Angoulème. Kianoush, dessinateur iranien : “Je ne m’interdis rien”» sur le site de Courrier international.

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