lundi 22 octobre 2018

Les caricaturistes québécois (5): Jean-Pierre Girerd

À partir d'un article sur Wikipedia

Grand Prix du Salon international de la caricature de Montréal en 1985.

L'illustrateur et peintre Jean-Pierre Girerd a été principalement connu pour ses caricatures éditoriales dans le quotidien montréalais La Presse, où il a travaillé de 1968 à 1995.

Jeunes années

Jean-Pierre Girerd est né en 1931 à Alger, alors un département français. Aspirant à devenir peintre, il étudie à l’École des beaux-arts d'Alger, avant d’être embauché comme illustrateur de presse au Journal d’Alger.

Il y est chargé de tout ce qui a trait à l’illustration, dessins cartographiques, portraits d’accusés dans les cours de justice, dessins humoristiques, caricatures. 

Il dira de cette expérience : « Je me suis fait la main dans ce journal, mais c'était "en attendant". Car je voulais vraiment faire de la peinture. Je me faisais beaucoup d'illusions ».

La guerre d’Algérie le pousse à quitter sa ville natale pour se rendre aux États-Unis. Bien qu’il ne parle pas l’anglais, il décroche un poste de dessinateur de presse dans un quotidien local de Minneapolis, où il est venu rejoindre un ami. 

Il cherche ensuite à s’installer à Paris, mais abandonnera ce projet après un séjour infructueux. Son arrivée en France coïncidait en effet avec l’exode des pieds-noirs et il se sentira rapidement victime d’une certaine animosité à l’endroit des Africains du Nord. 

Girerd décide alors de reprendre son ancien emploi à Minneapolis, où il ne restera cependant que quelques mois.


Montréal et La Presse

En 1964, il arrive à Montréal dans l’espoir de s’y trouver un travail. On l’engage rapidement comme caricaturiste au journal Métro Express, inauguré tout récemment. Simultanément, il contribue aussi au Petit Journal et au journal syndical de la CSN, Le Travail.

La Presse, octobre 1970.

Au début de 1968, Girerd est embauché par La Presse, où il développera son style caractéristique, souvent acerbe, très percutant, qui met à profit un trait dont la simplicité s’avère d’une étonnante efficacité. 

Dès ses débuts au quotidien montréalais, son but premier n’est pas tant de faire rire, mais de susciter une réflexion.

Après une période où il ne travaille qu’à l’encre, il commence notamment à expérimenter avec la gouache, pour obtenir des textures et des rendus variés.


Girerd participe aux rencontres éditoriales du quotidien, mais bénéficie tout de même d’une grande liberté de création à La Presse.

La plupart de ses dessins éditoriaux traitent évidemment de la scène politique municipale et nationale, à laquelle correspondent deux figures emblématiques de son œuvre : le maire Jean Drapeau et le premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau, maintes fois mis à mal par le dessinateur.



Avec le temps, ses caricatures adopteront une perspective de plus en plus internationale et toucheront des thèmes à la fois plus sombres et plus universels : la guerre, la faim dans le monde, les tensions religieuses, la violence faite aux enfants, la condition féminine, etc.

La Presse, 1985

La Presse, 1986

La Presse, 1986

En fin de carrière, il s’éloigne peu à peu du comité éditorial de La Presse et cesse de travailler dans les locaux du journal, avant de prendre sa retraite en 1996.

Dernière caricature de Jean-Pierre Girerd du 30 mars 1996 dans La Presse

L’œuvre de Girerd s’inscrit dans le sillon entamé par les caricaturistes Robert LaPalme et Normand Hudon dans les années 1950 et contribue grandement au développement de la bande dessinée et de la caricature québécoise contemporaine. 

Girerd fait d’ailleurs partie des 31 artistes de l’exposition « Je ris, tu ris, il rit, nous rions, vous riez, ils dessinent », qui se tient en septembre 1976 au Musée du Québec, et qui voulait témoigner des nouvelles tendances dans le domaine de l’humour graphique et de l’animation.


Un dessin inédit créé en mars 2009.

Sa production comme caricaturiste à La Presse totalise près de 15 000 dessins éditoriaux, dont une partie seulement a été rééditée sous forme de livre.

Girerd a également réalisé les illustrations pour plusieurs publications, dont une bande dessinée d'Arsène, On a volé la Coupe Stanley, parue en 1975 aux éditions Mirabel.





Après La Presse

Pendant un an environ, Girerd produit des caricatures pour le journal des sans-abri L’Itinéraire

En 1997, il cesse cette collaboration pour se concentrer uniquement à la peinture.


Distinctions

1985 : Membre de l'Ordre du Canada.
1985 : Grand prix pour la caricature « Éthiopie 84 ».
1986: Cartooniste de l'année du Salon international de la caricature.
1986: Prix des communications décerné par le ministère des Communications du Québec.


Publications

Chien show… et les aut'dogues!, Montréal, Éditions La Presse, 1970.
La Question! Quelle Question?, Montréal, Éditions La Presse, 1979.
Mort au travail, Montréal, Éditions La Presse, 1980.
Son Honneur, Montréal, Éditions La Presse, 1981.
De 76 à 85, Montréal, Éditions La Presse, 1985.
Monsieur le Maire Drapeau de 68 à 86, Montréal, Éditions La Presse, 1986.
Le meilleur de Girerd, Montréal, Éditions La Presse, 1987.
Girerd: aide-mémoire, Montréal, Fides, 1994.


AJOUT

«Où est passé Girerd?» de Pascal Élie sur le site de la FPJQ.


Également sur ce blog:

Les caricaturistes québécois (1): Robert LaPalme
Les caricaturistes québécois (2): Berthio
Les caricaturistes québécois (3): Normand Hudon
Les caricaturistes québécois (4): Raoul Hunter
Les caricaturistes québécois (6): Roland Pier

1 commentaire:

  1. Hénaurmes mercis, Guy Badeaux, pour ces pages de votre carnet documentant la riche histoire de la caricature québécoise.
    Ces efficaces et mordants chiens de garde que vous célébrez ici se situent à des années-lumière de la plupart des tristes et ineptes «diplômés» de l'École nationale de l'humour...

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