mardi 5 décembre 2017

Exposition du photographe Pierre Dury

Jean-François Nadeau dans Le Devoir.

René Lévesque, photo de Pierre Dury

Le Centre d’art Diane-Dufresne, à Repentigny, présente jusqu’au 14 janvier cinq décennies de photographies de Pierre Dury.

C’est la plus grande rétrospective consacrée à cet oeil qui a donné à voir au Québec tout entier ses personnalités.

Pierre Dury a aujourd’hui 72 ans. En 1967, il fréquente l’École des beaux-arts. La peinture le passionne. « J’en rêve encore », confie-t-il en entrevue. 

Le peintre Jean-Paul Mousseau l’invite à travailler au projet de décoration de la "Moussepathèque", rue Crescent.

« La grande influence sur mon travail est alors Richard Avedon. Les meilleurs photographes travaillaient pour ces magazines. Je n’essayais pas de les copier, mais j’étudiais leurs éclairages, les poses, les mouvements, les robes, les décors… » 

Gilles Carle et Chloé Sainte-Marie, photo de Pierre Dury

Il sera photographe de plateau pour plus de 150 films. Pierre Dury va travailler avec Gilles Carle, dont il deviendra un ami proche. Une photo forte le montre, quelques heures avant sa mort, Chloé Sainte-Marie couchée à ses côtés. 

« Je n’ai jamais trouvé que la photographie était valorisée au Québec. Aujourd’hui, je pense juste à la peinture », dit-il à l’heure d’inaugurer son exposition. 

Quelques-unes de ses acryliques sont présentées en marge de cette exposition, dans un corridor étroit. Ce sont pour la plupart des quasi-abstractions, des couleurs franches qui ne se touchent pas et qui sont pourtant vouées à explorer le thème du baiser.

Beauté et vedettariat

« Quand je suis devenu photographe, j’ai appris à tout démystifier, du mythe de la beauté à celui de la vedette. » 

Alors pourquoi ce culte de la beauté plastique et des vedettes dans sa photographie ? 

« Si j’avais photographié des gens de la rue, ça intéresserait cent fois moins les gens. Les gens préfèrent voir Jean Cocteau que son beau-frère… Mais aujourd’hui, j’aimerais mieux photographier les itinérants, avec leurs gueules incroyables. » 

Paul Buissonneau, photo de Pierre Dury

En 1969, il n’y a guère de photographes portraitistes bien installés à Montréal, hormis Gabriel Desmarais, dit Gaby.

« Michel Gontran travaillait pour Échos Vedettes. Il m’a dit d’aller voir du côté de ces petits journaux jaunes, Photo-Vedettes, Nouvelles illustrées, tout ça. Ils m’ont engagé. » 

Une partie du travail de cette époque est perdue. « Les journaux s’appropriaient les photos comme les négatifs. Je suis allé dans les archives de Québecor. Il ne reste presque rien. J’ai retrouvé une petite photo du bed-in de John Lennon et Yoko Ono à Montréal. » 

Il l’a rephotographiée, certain qu’elle est bien de lui. Elle trône entre deux projections contiguës de dizaines de photographies. 


« Quand on a travaillé pour de petits journaux, on nous snobe. » Mais les artistes l’apprécient. Diane Dufresne et plusieurs autres le demandent pour leurs pochettes de disque. 

Son objectif avale aussi bien Ginette Reno et Donald Lautrec qu’Yvon Deschamps et Jean-Guy Moreau, quand ce n’est pas Robert Plant, Ian Anderson ou Robert Charlebois. 

Il les photographie en studio, mais aussi sur scène, en pleine nuit, dans des fêtes. Voici par exemple Claude Dubois au petit matin, marchant avec Véronique Sanson.

Au temps de la chambre noire, son premier agrandisseur lui est offert par l’architecte Ernest Cormier, dont il est le locataire. « Il avait toute une collection d’appareils Leica. » Mais le travail d’impression des photographies ne l’intéresse pas vraiment. « C’est faire la vaisselle. »

Et aujourd’hui, la photographie ? Elle ne le passionne plus autant. « La peinture, c’est ce que je veux faire pour le reste de mes jours. »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire