samedi 20 février 2016

Une adaptation BD d’un scénario de Claude Jutra

Julien Morissette sur le site de Radio-Canada.



L'artiste et auteur de bandes dessinées Christian Quesnel vient de passer trois ans à adapter un scénario intitulé Une bonne année pour les olives, un texte inédit de Claude Jutra.

Depuis le scandale qui a éclaté cette semaine, l'artiste de l'Outaouais est aux prises avec un grand questionnement : publier ou ne pas publier?

« Si je le sortais maintenant, le livre serait mort-né. Je suis encore en train de réfléchir si on va sortir le livre ou pas », avoue d'emblée Christian Quesnel.

Achevé depuis mai 2015, le livre devait initialement être publié à l'hiver 2016. Les éditeurs et le diffuseur ont ensuite pris la décision de le lancer à l'automne 2016, pour souligner le 30e anniversaire de la mort de Jutra.

À la suite des allégations et du témoignage d'une présumée victime du cinéaste, l'auteur se demande ce qui peut être fait de son livre de 188 pages. Chose certaine, il est convaincu que l'oeuvre ne peut plus être présentée telle quelle et qu'un grand travail devra accompagner la publication si on en vient à cette étape.

Les débuts du projet

En 1967, Claude Jutra et Charles Sachs ont écrit ce scénario avec l'idée d'offrir les principaux rôles à Denise Filiatrault, Dominique Michel, Louise Marleau, Monique Leyrac et Émile Genest, en plus de confier la musique à Pierre F. Brault.

Le scénario Une bonne année pour les olives raconte l'histoire de François Hébert, un chauffeur de taxi excentrique, père de cinq filles, qui est obsédé par l'idée d'avoir un fils.

Le film n'a jamais été produit et Claude l'a confié quelques années plus tard à Ara Kermoyan, aux éditions Art Global. À la mort de ce dernier, en 2011, sa compagne, Mireille Kermoyan, a découvert une copie du scénario et a proposé le projet d'une adaptation BD à Quesnel.

C'est à ce moment que l'artiste a entrepris les recherches nécessaires dans le fonds Claude-Jutra aux archives de l'UQAM, qui comprend lettres, photos et dessins originaux de Jutra.

N'ayant pas tous les détails de la distribution au début du projet de bande dessinée, en 2012, Christian Quesnel a décidé de donner le rôle principal à Claude Jutra.

« C'est la meilleure oeuvre que j'ai faite, esthétiquement parlant. C'est une oeuvre importante pour moi, c'est sûr que j'aimerais la sortir : c'est un jalon dans ma carrière. Cependant, je ne veux pas profiter de la situation, parce qu'il y a des victimes là-dedans. C'est vraiment à eux qu'il faut penser d'abord et avant tout », explique Christian Quesnel.

Séparer l'artiste de l'oeuvre?

Alors que Quesnel se réjouissait jusqu'à tout récemment de voir son nom accompagner celui du cinéaste sur une page couverture, il est bien conscient que cette association a maintenant une tout autre signification.

La grande question à laquelle réfléchit Christian Quesnel est celle de la vie d'une oeuvre en soi : est-elle liée étroitement à son créateur ou a-t-elle une existence indépendante?

Toujours en réflexion, Christian Quesnel souhaite laisser la poussière retomber avant de prendre quelque décision que ce soit. Il affirme que son entourage est inquiet des différentes avenues qu'il pourrait emprunter avec cette oeuvre dans laquelle il aura mis autant d'énergie et de passion.

« Il y a une question d'ego là-dedans, mais l'ego doit être mis de côté. Autant les sentiments par rapport à mon oeuvre que les sentiments par rapport à toute cette affaire doivent être mis de côté. On doit regarder ça le plus froidement possible, et il n'y a que le temps qui va nous permettre de faire ça », soutient-il.

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