mardi 2 février 2016

Floraison de médailles en marge du Festival BD d'Angoulême

Du blog de Julie Maroh et de la page Facebook d'Aurélie Neyret.

Dessin de Julie Maroh

Jeudi dernier, huit jeunes auteur(e)s de bande dessinée ont été promu(e)s « chevalier des arts et des lettres » par la ministre Fleur Pellerin sans avoir été contacté(e)s directement.

Le ministère de la culture l’a annoncé par communiqué de presse sans même téléphoner ou écrire aux intéressé(e)s.

Il n’aura échappé à personne que la promotion est « exceptionnelle » et que parmi les huit personnes désignées figurent cinq jeunes auteures signataires de la charte contre le sexisme ainsi que Riad Sattouf et Christophe Blain, qui se sont retirés de la liste originale des sélectionnés au Grand Prix 2016 qui ne comportait aucune femme.

D’ailleurs, pour s’assurer que tout le monde comprenne qu’il s’agissait d’une femme, le ministère n’a pas hésité à révéler le patronyme de Tanxxx.

Enfin, au cas où l’intention n’était pas encore assez manifeste, madame la ministre Fleur Pellerin stipula bien dans un tweet que l'adoubement en masse était non seulement lié au FIBD mais en plus à la polémique du Grand Prix qui avait fait le buzz.


Au delà de l'aspect illégitime et politique de la récompense, on notera que pour recevoir le titre, il faut payer une centaine d'euros. 

Au lendemain de la révélation de l'étude menée par les États Généraux de la BD, qui montre que plus d'un auteur sur deux n'arrive pas à vivre de son métier, que la moitié des femmes auteures de BD vit en dessous du seuil de pauvreté, que la réforme de la retraite des auteurs va plonger les créateurs dans une précarité plus grande, la réponse du Ministère est de donner -non pardon de vendre- des médailles. 

Aux dernières nouvelles, Tanxxx, Julie Maroh, Aurélie Neyret et Chloé Cruchaudet ont refusé la nomination.

AJOUTS

« Quatre auteures BD refusent la promotion Arts et Lettres exceptionnelle de Fleur Pellerin » sur le site ActuaLitté.
« La médaille des Arts et lettres divise les auteurs de BD » sur le site de Libération.


Sur le blog de Tanxxx:

Si vous (les journalistes) ne savez pas quoi écrire, je vous suggère de creuser le sujet de la précarité dans la culture : la sous-traitance, les emplois précaires, le business et les magouilles des salons du livre et gros festivals, c’est pas les sujets qui manquent : 
le sexisme et la précarité à Confluences à Lyon par exemple
Ou cette femme ouvreuse à la cinémathèque qui ose lever le silence sur les conditions de travail qu’elle y a observé
Le fait que cette année, le FIBD n’a pas jugé utile de payer les auteurs pour animer des ateliersLe fait que tous les festivals et salons du livre reposent sur les dédicaces des auteurs, non rétribués pour ça.
Le fait que les gros éditeurs se mettent d’accord entre eux pour faire baisser les revenus des auteurs.
 
Je pourrais continuer ainsi très longtemps. La précarité est dans la culture exactement comme ailleurs : galopante.

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