mercredi 23 décembre 2015

L'humour de Voutch

Sur le site de Paris Match.



Le dessinateur publie un « Petit traité de voutchologie fondamentale ». L’occasion d’en savoir un peu plus sur ce type dont on ne sait rien.

Voutch à deux genoux, il remercie son patron. Cet enfant de fumier qui jadis l’a viré. Il bossait alors dans la pub, depuis quinze ans comme créatif. Pour collègue, il avait notamment Beigbeder, déjà allumé comme un sapin de Noël, à qui, entre autres, il montrait ses crobars. Le plus souvent des caricatures de confrères. 

Un matin donc, coup de pot, on le fout dehors. Alors Voutch, qui s’appelle encore Olivier Vouktchevitch, décide de se lancer dans la commercialisation de boomerangs en plastique moulé. Tout naturellement, ça foire aussi. Avant même d’avoir commencé. « Du coup je me suis dit : quitte à me planter, autant le faire en rigolant. »

Et le voilà parti dans le dessin d’humour. D’abord au crayon à papier, faisant du sous-Sempé, du sous-Bosc. Puis, presque par hasard, à la gouache. Toujours une planche, unique, et la légende (quelquefois soulignée) en dessous. Moins d’un an plus tard, son combiné dringue dringue : c’est le magazine Lui au téléphone. « Ils cherchaient des dessinateurs et voulaient voir mon travail. Comment ils ont eu mon numéro ? Je ne l’ai su qu’après. » 

L’ami Beigbeder, arrimé chez Castel, avait tout simplement parlé de lui. « Je me grouille de leur filer un truc et ça fonctionne. » Le dessin n’est pas encore très abouti. Avec le temps, les tarins s’allongent, les traits s’affinent et les couleurs s’affirment. Voutch invente notamment pour ses intérieurs ce qui sera sa marque de fabrique : des 12 mètres de hauteur sous plafond.



« Après, les commandes, tout ça, c’est un peu parti comme un feu de forêt. » Vingt ans plus tard, quand Héraclès, son éditeur, lui parle d’un bouquin sur son « oeuvre », il se renfrogne. Partagé entre l’envie de montrer des trucs que personne n’a encore vus et la peur que ça n’intéresse pas. « Comme un mec qui parlerait de lui alors que tout le monde s’en balance. »

Voutch n’a peut-être pas tout à fait pris la mesure de sa célébrité. « Ma célébrité ? Je me marre. Personne, vous savez, ne m’arrête jamais dans la rue… Allez, sauf quand je croise ma mère. »

Le bouquin vient malgré tout de sortir. Une interview dessinée vraiment poilante où l’on fait connaissance de l’autre Voutch : impressionniste, affichiste, concepteur de jeux de cartes... On en apprend aussi un rayon sur sa façon de faire. Le fait qu’il imagine toujours la légende avant le dessin, mais surtout qu’il trouve la bonne moitié de ses idées… dans son bain. 

« Pourquoi ? Va savoir. Sans doute la relaxation du derme ou un machin comme ça. Et puis, même si tu ne trouves rien, en sortant, au moins t’es propre. » Rapport à la consommation de flotte, les écolos peuvent lui passer un savon : Voutch vaut bien une nappe phréatique.


Petit traité de voutchologie fondamentale 
Jean-Bernard Mouchu
Cherche-Midi
208 pages, 28 euros.

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